28.12.09

lettre de nuit

Accepte les brouillons qui s’entassent à tes pieds,
les pensées en chiffon qui jaillissent comme du poison sur papier.
Accepte de danser avec les lettres au rythme des obsessions qui se bousculent sous ta chair.
Laisse l’écriture prendre possession de ton corps et jeter quelques murmures discrets sur la ville qui doucement s’endort.
Affronte les dissonances de tes humeurs qui n’attendaient que les premières lueurs de la nuit, pour griffonner sur la page blanche tous les silences qui habillent tes peurs.

27.12.09

Etranger



Ce sont des nuits sans visage.
A errer chez soi sans que rien autour n’aspire au familier.
On s’y déplace en suspension, une main posée sur la réalité du quotidien –une pièce avec son lit, ses canapés, des lampes allumées à chaque coin, et le reste du corps et de l’esprit loin vers un ailleurs décoré de fictions.
Le temps s’écoule sans heurter la paralysie de ces instants. On ne perçoit de ces heures oubliées, que quelques murmures filtrés par les épais murs qui nous retiennent prisonnier.
Nous, cet inconnu, solitaire, écrasé par l’imparfaite vérité de ce monde qui ne se tolère qu’à travers l’illusion.
Bercé par de faux espoirs comme celui de se laisser croire qu’il y a peut-être au delà du cadre de la fenêtre, quelqu’un quelque part pas bien loin qui pourrait apaiser ce face à face avec ce visage, condamné à n’être qu'une terne image de cet éternel étranger.

Danse d'hiver



C’était un conte d’hiver sans histoires.

Elle sentait sa chair recueillir les chaudes effluves d’un feu de bois qui s’animait à quelques pas d’elle. En face d’elle, une baie vitrée surdimensionnée comme une fenêtre sur le monde dominait sur un lac glacé, un décor discret, fragile.
Les branches des arbres s’agitaient comme des vagues en collision. Elles étaient la nouvelle voix de ce lac dont on avait ôté les cordes vocales.
Les flocons suspendus dans le gris du ciel se détachaient et glissaient lentement sur le paysage.
C'était l’hiver qui dansait librement dans un monde cotonneux vidé de ces hommes trop frileux pour s’y abandonner.