6.2.09

les instants sombres du pénitent




A chacun de ces moments, la lumière semble avoir subtilement glissé vers des tonalités graves comme si crescendo, elle avait traversé la pièce pour venir se recueillir au pied de notre lit.
L'espace s'en retrouve réduit, ses limites aspirées, venues encercler la nudité de son corps.
Il jît là, en plein centre de ce cadre nourrit d'abîme; saint trop humain, héro au masque tombé, devant moi exposé sous sa fragilité la plus brute. Ecrasé par le poids de ses nerfs, de ses muscles et d'une chair bien trop épaisse pour n'être qu'une couverture.

Seul sa peau résiste et s'agrippe aux derniers miasmes lumineux. Elle flotte pesante comme suspendue au dessus d'un ciel nébuleux.
Ma main glisse là où à l'intérieur reposent les pulsations d'une âme ébranlée. Et c'est toute impuissante que celle-ci vient recueillir sous sa paume les gémissements du pénitent. Rien ne peut pénétrer sous cette chair pour l'y apaiser.
Son corps possédé, craque et se contorsionne.
Son visage aux traits tiraillés, grimace toute l'animosité de ce violent spectacle.
Il tente sous mon regard désarmé d'expulser les stigmates de violents secrets bien enfouis qui malgré tout acharnement ne sombreront jamais dans l'oubli. Ces fragments de souvenirs qui même ensevelis au plus profond sous d'innombrables couches de terre, ne cessent de vivre, de se faire revivre et de secouer par de violents échos, ce sol qui porte pourtant à la lumière du jour, les pierres gravées du repos.
Ils ressurgissent intacts, venus percer, trouer sa chair enflammée avec le même impact que celui du passé.
Le voilà aussi désarticulé et flexible qu'un pauvre pantin éxécutant sur la scène de ce lit couvert de draps en fouillis les mouvements endiablés d'une mémoire dépourvue de toute pitiée.

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