6.2.09

Mélancolie des vieux jouets




On dit la tristesse ou la mélancolie.
Mais au fond, n'est-ce-pas simplement les jours
qui courent et s'attrapent du bout de leurs heures?
Toutes ces nuits qui percent de la pointe des doigts nos abris
et prient nos âmes de trouver le courage de braver nos peurs.
De se laisser docilement bercer par la timide lune
et porter à la clareté du jour la voix de nos agitations nocturnes.

Des rêves troubles, construits sur des larmes claires
reculées, cachées derrière cette ville trop agitée.
Des flux parasitaires transperçant la tiédeur de nos chairs.
Des jours flous, hantés par nos plus vifs cauchemards.
Faible conscience ne déjoue pas les bruyants éclairs
Ces peintures célestes brûlées par l'anxiété
de se voir s'envoler sans avoir pu déposer quelque part,
un bouquet d'images éclairées ou ternies.
Un bout de passé qui jauni sur papier,
pour chanter ceux que l'on a pu aimer,
griffonner ceux qui nous ont trahi.

Les lumières ne prennent reflet que sur le translucide.
Mais à l'intérieur tout est bel et bien vide.
Ils sont partis avec leurs meubles boisés,
bourrés de ces archives d'un futur halluciné.
Ne me laissez pas croire que l'avenir est devant
car voilà longtemps que je ne vis plus au présent.
Nichée derrière mes rideaux de fumés,
je ne fais que gratter sauvagement sur du papier
avec la vivacité du passé, ces réserves faites sur vos curiosités.
J'emprisonne tous les mots restés coincés
par la pudeur embrasée des fruits du passé.

Aujourd'hui paisible là où rien ne bouge,
adagio tempere, les notes murmurent
bloquées à lintérieur d'un rectangle fermé d'épais murs
la quiétude de nos journées ensoleillées,
hurlent, vacarme agité en pleine nuit,
les jouissances du vécu, les angoisses de l'ennui.

J'ai perdu sur le chemin mes rêves, mes larmes
Et dans la rosée de l'aube je baisse délicatement mes armes.
Le ciel embrûmé porte sur ses dégradés, quelques débris colorés
de tous ces jouets désormais par le temps usés,
qui hanteront et fleuriront mon éternité.

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