28.12.09

lettre de nuit

Accepte les brouillons qui s’entassent à tes pieds,
les pensées en chiffon qui jaillissent comme du poison sur papier.
Accepte de danser avec les lettres au rythme des obsessions qui se bousculent sous ta chair.
Laisse l’écriture prendre possession de ton corps et jeter quelques murmures discrets sur la ville qui doucement s’endort.
Affronte les dissonances de tes humeurs qui n’attendaient que les premières lueurs de la nuit, pour griffonner sur la page blanche tous les silences qui habillent tes peurs.

27.12.09

Etranger



Ce sont des nuits sans visage.
A errer chez soi sans que rien autour n’aspire au familier.
On s’y déplace en suspension, une main posée sur la réalité du quotidien –une pièce avec son lit, ses canapés, des lampes allumées à chaque coin, et le reste du corps et de l’esprit loin vers un ailleurs décoré de fictions.
Le temps s’écoule sans heurter la paralysie de ces instants. On ne perçoit de ces heures oubliées, que quelques murmures filtrés par les épais murs qui nous retiennent prisonnier.
Nous, cet inconnu, solitaire, écrasé par l’imparfaite vérité de ce monde qui ne se tolère qu’à travers l’illusion.
Bercé par de faux espoirs comme celui de se laisser croire qu’il y a peut-être au delà du cadre de la fenêtre, quelqu’un quelque part pas bien loin qui pourrait apaiser ce face à face avec ce visage, condamné à n’être qu'une terne image de cet éternel étranger.

Danse d'hiver



C’était un conte d’hiver sans histoires.

Elle sentait sa chair recueillir les chaudes effluves d’un feu de bois qui s’animait à quelques pas d’elle. En face d’elle, une baie vitrée surdimensionnée comme une fenêtre sur le monde dominait sur un lac glacé, un décor discret, fragile.
Les branches des arbres s’agitaient comme des vagues en collision. Elles étaient la nouvelle voix de ce lac dont on avait ôté les cordes vocales.
Les flocons suspendus dans le gris du ciel se détachaient et glissaient lentement sur le paysage.
C'était l’hiver qui dansait librement dans un monde cotonneux vidé de ces hommes trop frileux pour s’y abandonner.

5.4.09

nocturne agitée

Il est trois heures.
J’avance tout droit le long des rues noyées sous une pluie froide. Mes pas claquent sur le bitume humide et laissent retentir à travers les façades de volets fermés les échos en saccade de ma marche inépuisable.
Je erre et vacille défiant le lourd silence étouffant les ronflements inaudibles des habitants endormis.
Impossible de mettre la main sur ma raison, peut-être dissimulée quelque part derrière les chemins et les constructions en rempart d’un labyrinthe qui ne semble jamais pouvoir prendre fin.
A ces heures sombres, toutes les rues se confondent et ne dévoilent leur singularité qu’à travers les lumières blafardes de quelques lampadaires. Ces petits soleils artificiels des nuits qui forment dans l’obscurité creuse du ciel, comme des petites billes lumineuses.
Me voilà tournant à un carrefour, traînant mes membres lourds et cherchant le long des trottoirs quelque chose, quelqu’un, le reflet d’un espoir.
Je connais trop par coeur la solitude, la colère noire, les humeurs sombres et la tristesse féconde. Je suis venu trouer la nuit et jeter sur mon passage, tous les cris de rage restés bloqués, toutes ces manies qui se refusent au partage.
Douleur qui grandit, incisive, ardente, une boule de feu dans le ventre.
Elle secoue à l’intérieur de mon corps endolori, des sacs de nerfs emmêlés tout prêts à exploser.
Je passe le grilles des commerces fermés, contourne les pas de quelques passants pressés. L’heure n’est pas celle des paisibles blalades, ces flâneries baignant dans l’insouciance mais celle des hommes insatisfaits, cherchant à travers l’errance, un petit carré de paix, un pansement pour couvrir leurs plaies.
L’heure est celle des animaux égarés, perdus dans cette jungle urbaine dans laquelle prend forme trop de bizarrerie humaine.
Ce sont des heures amputées par l’obscurité qui nous font tous étrangers.
Voilà, c’est bien ce soir, ici qu’être étranger m’est le moins insupportable.
Parce-que la plus profonde solitude ne se trouve pas dans un desert, dans une forêt ou sur une île perdue en mer, mais bien dans les recoins et impasses de cette ville.
Il y en a en moi, cachée derrière mon anonymat et accompagnée par une folie qui aimerait laisser expulser ses délirs loin des regards accusateurs et des rires moqueurs de tous ces “bien-pensants” usant de principes gerbants pour nous retenir sous leur captivité.
Voilà pourquoi moi, je préfère mes trottoirs mouillés, cette pluie qui dégouline de mes cheveux et cet indélébile cafard.
Oui je les préfère à ces moutons bavards qui puent l’ennui et qui n’accèdent à la liberté qu’à travers des rêves nichés sous leurs draps douillets.
On dit que la liberté a un prix. S’ils étaient là près de moi sur ces trottoirs, ils me pointeraient surement du doigt et feraient de moi un animal à enfermer. Mais heureusement la nuit les a chassés et ils sont désormais trop occupés à rêver.
Alors je marche, je marche. La pluis glisse sur mon front sans perturber mon agitation. Je me détourne des poteaux, chevauche les caniveaux inondés. Je vais comme une corde cassée en vibration et lance mes dissonances dans les rues désertées.
Je vais le cerveau plein de pensées sans relation. Je défie le vide de mes pas en accéleration. Je n’ai nul part où aller et pourtant je vais, je marche, sans que rien ne puisse m’arrêter à la tâche.

24.3.09





Ne pas voiler les jours avant d'avoir laissé s'échapper le passé
Ne pas tourner la page avant d'avoir laissé couler les mots
Défier le temps, sauter les saisons, faire les jours, les déshabiller.
Laisser les gribouillis sur la page s'évanouir en feuillets d'eau,
entamer les heures avant de les enterrer là où elles reposeront intouchables
les lettres sur pierre seules témoignent du temps qui s'écoule, vulnérable.
L'horreur des jours gris, des nuits noyées dans l'ennui.
Triste pour avoir senti le néant perçant de la mélancolie.
Laisse le temps comme meilleur amant glisser sur ton corps,
marquer l'empreinte sur ta chair des minutes qui la perforent,
pour y déloger l'ennemi, trouer l'instant,
gagner pas à pas la mesure de ses battements.
Laisse le faire, laisse le défaire pour toi,
le temps.

11.3.09

Matinée



Les rayons d'une douce matinée ont percé mes volets pour lentement me réveiller.
Je me sors d'un sommeil agité, dévoré par les sueurs perlant sur mon front brûlant.
La nuit a enfin jeté sur la ville ses dernières heures et la voilà déjà agitée, je l'entends de l'autre côté.
Une paupière, puis une autre, aggripent les premiers rayons de la journée.
Je sens sous la couette tout près, quelques morceaux d'un mal insolent qui m'aura secoué tout la nuit.
De mes petits pas je tatonne le sol froid à la recherche des pièces morcellées de mes cauchemars passés en dessous, là où tout est flou et embrasé.
J'étais ligotée par le malin qui me serrait si fort au corps, si fort que je me sentais comme possédée.
Il a réussi à gagner mes nuits, lentement, lentement, il s'est glissé sous mes draps pour faire de moi la parfaite proie.
Mais ce matin tout est fini. Vide, je peux tenter d'attraper le fil de ma journée.
Le laisser seul sur mes draps, attendre la prochaine nuit où je reviendrais à lui.

8.2.09





Un cercle de feu autour du corps carré, pesant.
Des fourmis grimpant au bout des doigts,
Comme par l'attaque hivernale du froid.
Voilà l'heure venue du dépendant
de chercher dans les rues le produit apaisant
d'apporter au temps son pochon de folie
quelque part caché dans les recoins sombres de la nuit.
Sans elle, il resterait absent fébrile et frissonnant
dégustant avec douleur à un maléfice provoquant.
Un corps comme vidé fait de nerfs ennoués,
d'un vrac d'idées enrolées, bloc de pensées embrasées.
avancer sur un sol jonché de verre
guidé par les fils d'un sortilège pervers.
Poison dans ses veines fatiguées,
hurle à l'intérieur la peur du prisonnier.
Le voilà traînant son butin de misère
pour enfin de voir déposer dans le creux des mains
le paisible d'un meilleur lendemain.


LES SAISONS




Tirroir d'un petit meuble en fer rouillé,
attend le doux printemps pour enfin se voir dépossédé,
d'un amat objets déchus par le temps.
Ne pas imiter la bourse avec son argent,
avide juste pour combler le vide.
Tous ces biblots inutilement capturés puis entassés
pesants à l'intérieur de cette boîte esquintée.

7.2.09




Des clics, des clacs, partir blanche.
Feuille d'Automne se décroche, prend la pluie, attrape les flocons.
Au soleil sèche, craque comme du verre.
Et s'achève en morceaux sur le sol d'hiver
dans l'attente d'un vent nouveau,
la fraîcheur d'une émotion,
qu'apporterait la venue d'une nouvelle saison.

6.2.09

triste singe




Triste singe,
bois ta peine,
mes nuits ne t'appartiennent plus,
et tu ne possèderas jamais le monde.
A visage découvert,
le singe ne rit plus
le singe n'entend plus,
le singe ne voit plus
replié sur ses propres plaies.
Passé démon, passé trophée.
Passé qui pèse sur le petit singe maigrichon.
A entasser
On en trouve plus la force de soulever
Va, vol singe,
Retiens bien serré ton butin
Et part donc oncrétiser ton pacte avec le malin.

Mélancolie des vieux jouets




On dit la tristesse ou la mélancolie.
Mais au fond, n'est-ce-pas simplement les jours
qui courent et s'attrapent du bout de leurs heures?
Toutes ces nuits qui percent de la pointe des doigts nos abris
et prient nos âmes de trouver le courage de braver nos peurs.
De se laisser docilement bercer par la timide lune
et porter à la clareté du jour la voix de nos agitations nocturnes.

Des rêves troubles, construits sur des larmes claires
reculées, cachées derrière cette ville trop agitée.
Des flux parasitaires transperçant la tiédeur de nos chairs.
Des jours flous, hantés par nos plus vifs cauchemards.
Faible conscience ne déjoue pas les bruyants éclairs
Ces peintures célestes brûlées par l'anxiété
de se voir s'envoler sans avoir pu déposer quelque part,
un bouquet d'images éclairées ou ternies.
Un bout de passé qui jauni sur papier,
pour chanter ceux que l'on a pu aimer,
griffonner ceux qui nous ont trahi.

Les lumières ne prennent reflet que sur le translucide.
Mais à l'intérieur tout est bel et bien vide.
Ils sont partis avec leurs meubles boisés,
bourrés de ces archives d'un futur halluciné.
Ne me laissez pas croire que l'avenir est devant
car voilà longtemps que je ne vis plus au présent.
Nichée derrière mes rideaux de fumés,
je ne fais que gratter sauvagement sur du papier
avec la vivacité du passé, ces réserves faites sur vos curiosités.
J'emprisonne tous les mots restés coincés
par la pudeur embrasée des fruits du passé.

Aujourd'hui paisible là où rien ne bouge,
adagio tempere, les notes murmurent
bloquées à lintérieur d'un rectangle fermé d'épais murs
la quiétude de nos journées ensoleillées,
hurlent, vacarme agité en pleine nuit,
les jouissances du vécu, les angoisses de l'ennui.

J'ai perdu sur le chemin mes rêves, mes larmes
Et dans la rosée de l'aube je baisse délicatement mes armes.
Le ciel embrûmé porte sur ses dégradés, quelques débris colorés
de tous ces jouets désormais par le temps usés,
qui hanteront et fleuriront mon éternité.

Silence...




Sous son enveloppe d'absence,
il faudra gratter pour entendre.

C'est un silence comme un ventre trop gourmand
qui aurait avalé trop de mots.
Une gorge tenaillée,
une langue gonflée.

Creuser du vide
formé sur du saturé.
Trop de mots cachés, trop de lettres rattachées,

Il ne tient qu'à toi, de vouloir
savoir.
Déterrer ces obscures présences.
Dénouer ces non-évidences.
Voler au silence, ses cordes vibrantes.
Celles qui finalement murmurent,
hurlent ou chantent
quelques vérités déguisées.

les instants sombres du pénitent




A chacun de ces moments, la lumière semble avoir subtilement glissé vers des tonalités graves comme si crescendo, elle avait traversé la pièce pour venir se recueillir au pied de notre lit.
L'espace s'en retrouve réduit, ses limites aspirées, venues encercler la nudité de son corps.
Il jît là, en plein centre de ce cadre nourrit d'abîme; saint trop humain, héro au masque tombé, devant moi exposé sous sa fragilité la plus brute. Ecrasé par le poids de ses nerfs, de ses muscles et d'une chair bien trop épaisse pour n'être qu'une couverture.

Seul sa peau résiste et s'agrippe aux derniers miasmes lumineux. Elle flotte pesante comme suspendue au dessus d'un ciel nébuleux.
Ma main glisse là où à l'intérieur reposent les pulsations d'une âme ébranlée. Et c'est toute impuissante que celle-ci vient recueillir sous sa paume les gémissements du pénitent. Rien ne peut pénétrer sous cette chair pour l'y apaiser.
Son corps possédé, craque et se contorsionne.
Son visage aux traits tiraillés, grimace toute l'animosité de ce violent spectacle.
Il tente sous mon regard désarmé d'expulser les stigmates de violents secrets bien enfouis qui malgré tout acharnement ne sombreront jamais dans l'oubli. Ces fragments de souvenirs qui même ensevelis au plus profond sous d'innombrables couches de terre, ne cessent de vivre, de se faire revivre et de secouer par de violents échos, ce sol qui porte pourtant à la lumière du jour, les pierres gravées du repos.
Ils ressurgissent intacts, venus percer, trouer sa chair enflammée avec le même impact que celui du passé.
Le voilà aussi désarticulé et flexible qu'un pauvre pantin éxécutant sur la scène de ce lit couvert de draps en fouillis les mouvements endiablés d'une mémoire dépourvue de toute pitiée.

Avancer





La force s'est faufilée en dehors.
Ce corps reste planté au sol, aspiré par sa base.
Tendu luttant contre la loi inéluctable de la pesanteur .
Une force plus puissante que cette masse de chair laissée en chiffon, traînant ses membres lourds.
L'air qui l'enveloppe ne semble pas être le même celui qu'il aspire.
L'air qui le nourrit est un air pauvre. Asphyxie.
Il pèse sur ses muscles flottants.
Ce corps baigne dans un espace sans repères.
Il ne sait trop où se diriger.
Là où il se trouve, il est en proie à tous les dangers, poids de la lenteur ou immobilité.
Un virus en son noyau qui le tenaille et le conditionne à une pénible fragilité.

L'important c'est parait-il d'avancer coûte que coûte alors il tente sous chacun de ses pas tremblants, d'y repousser un peu de frayeur. Il avance un peu titubant.
Alors ils verront eux tous, qu'il n'est pas ce prisonnier condamné impuissant.
Peut-être même qu'au bout de quelques pas gagnés malgré la faiblesse et la fragilité et malgré que le vent n'ait pu l'y pousser, il gagnera la porte de sortie.
Il respirera, l'air que tous respirez, celui du sursis.
Son corps se réouvrira au monde avec voracité et curiosité.
Mais en attendant, il avance tout lentement et rivalise avec ses peurs.

19.11.08




Was it still Earth?




Je me souviens d'une nuit qui s'était soudainement transformée en un sac de noeuds. Des péripéties de dernières minutes comme un dernier coup d'éclat avant de tout plaquer. Tremblante, angoissée j'avais bouclé mon sac à dos en un temps record. Il ne pouvait rien me manquer, ma tête, mes jambes, mon appareil photo, passeport et billets, ça n'était pas compliqué.
Je ne savais toujours pas ce qui me poussait à tenir entre mes mains ce passeport pour l'ailleurs. Il y avait quelque chose d'inquiétant et d'excitant à la fois d'aller chercher là-bas, sur un bout de terre coincé au Nord, la clé d'une porte déjà truffée d'autant d'énigmes.
A bord d'un taxi, j'ai troué la ville encore à cheval entre aube et nuit, à ces heures où personne ne pouvait m'appercevoir prendre silencieusement la fuite. J'ai filé à travers un labyrinthe parsemé de langues en verre et rapidemment gagné l'accès à une immense baie vitrée derrière laquelle miroitait ma belle bête des airs.
Un vol trop rapide par dessus les nuages puis soudainement un spectacle anormal. Etait-ce bien ici?
De là haut vu de par mon hublot, une étendue toute faite de terre craquelée.
Jamais la terre ne m'avait semblé plus réelle et organique. Si tremblante qu'aucun humain ne semblait pouvoir s'y loger.
Un vide inhabité fait de terre et de pierres et par endroit même d'étranges cheminées dont s'échappait un souffle chaud; partant de son noyau pour gagner les airs, laissant des soupirs enfumés, des traînées de désolation caresser lassivement sa chair.
Non, il ne pouvait pas y avoir de place pour un seul homme sur cette île, elle ne pouvait pas se trouver si près sur terre et semblait bien trop vivante pour se laisser dompter.


2.11.08

Quietely sitting in the curve of the skyline

The growling of the earth







-Some pictures here dedicated to all the passengers I've met on the road in Iceland -

-Iceland 2008-


She had found a way to escape.She'll have to go or she'll die. It had become as radical. She'll have to carefully organize every option, it was as to dig like if she was a fugitive.
She has made such beautiful dreams about being encircled by cold blue lowlands.

She was going up and down on small hills with her little steps with no fear stocked inside her, she was a child.
There was a group of five other small kids with her, they were all submerged in the middle of this naked skyline.
Her face was scanning the air and discovered a full light, round and colored. These warm sensation on her skin drove her in a soft ecstatic state.
As she walked, she was pulled out of reality, drowned into the sublime of virginal spaces. It couldn't be true, this light, this landowning fragility.
Each of them at their own rythm tasted this walk without any anxiety, they were left by themselves, lost, but here, freedom was the most powerfull emotion they could feel. Those little survivors followed their way without no daring to speak in the fear to fluster the fullness, the blessed order in which they bathed.
Just before her waking seized her out of this fairy painting, their path ended on a .......It was still the daybreak and there was orphans inside who were still sleeping. At the first waking movement, they will ask for asylum. But they knew that there was no place to chance in what they were living.
Where they came from, they were unable to remember it. Where they were going, only their instinct could give them a clue.
There was a casserole from which still frees some smokes. They all felt charmed by the perspective of a meal.And it's when she threw three crabs inside the boiled water that her eyes roughly opened themselves.

It wasn't only a dream, all of what had just taken place was as real as this bed in which she was parachuted, as this city she will soon have to cross, this tarmacked daily life she'll have to live.
Her sleep had driven her into a connection with her primitive inside. She understood at her waking the real meaning of the freedom's word.

10.9.08

28.7.08

Bouche affamée




C'est un drôle de jeu.
A la poursuite de tous ces pas qui s'élancent en tout sens, s'interfèrent, s'entrechoquent.
Des profils en profusions, un chahut d'expressions.
J'attends l'impact avec cet inconnu qui tente de dissimuler sa curiosité, ce passager des routes toutes tracées.
Sache que je suis ma propre nocivité.
Je suis un vide comme une bouche affamée.
Je suis l'abondance, le surpoids, cette grosse masse qui se construira sur ton fouillis, ces objets laissés en liberté, toutes ces marques qui dévoileront sous une lumière bavarde, quelques échantillons de ton identité.
Tout compte fait, tu verras, je n'aurais fait que passer.

Toutes les volontés de Morphée




Elle avait trouvé un plan de sortie. Elle irait ou elle mourrait. C'était devenu aussi définitif. Il lui fallait organiser point par point chaque option, c'était comme creuser des tunnels à la manière des fugitifs. Ce plan devait fonctionner coûte que coûte.
Elle les avait rêvé ces plaines bleues froides valloneuses.
Elle montait descendait de ses petits pas qui ne craignent rien, c'était une enfant. Accompagnée d'un groupe de cinq autres modèles réduits, elle se retrouva subitement immergée au beau milieu de cet horizon nu. Son visage scrutant les airs, il fût surpris par une lumière pleine, ronde et colorée. Ces chaudes caresses conduisaient son esprit vers un état de douce euphorie.
Plus elle avançait, plus la beauté virginale de l'espace l'écartait de la réalité, ça ne pouvait tout bonnement pas être vrai, cette lumière, cette fragilité terrienne.
Chacun a son rythme goûtait cette marche sans l'ombre d'une angoisse, ils étaient seuls, perdus mais ici, la liberté prenait le dessus sur toute autre émotion. Ces petits survivants poursuivirent leur chemin sans qu'aucun n'ose prendre la parole de peur de troubler la plénitude, l'ordre sacré dans lequel ils baignaient.
Juste avant que son réveil ne l'empoigne hors de ce décor, ils tombèrent sur un refuge. C'était encore l'aube et ses occupants, des orphelins comme eux étaient encore assoupis. Une marmite stationnait sous le proche du refuge. Ils décidèrent alors de partager ensemble un repas. Aux premiers signes d'éveil, ils iront demander l'asile mais aucune crainte ne semblait se ressentir. Ils le savaient, le hasard n'existait pas.
D'où ils venaient, ils en étaient incapable de se le rappeler, où ils allaient, seul l'instinct leur donnait réponse. Cet abri noyé dans ce désert de glace était donc leur maison d'accueil.
Les premières fumées se dégagèrent de la marmite. La perspective d'un repas comblait toute attente. Et c'est lorsque qu'elle jeta trois crabes dans le bouillon que ses yeux s'ouvrirent.

Ce n'était pas qu'un rêve, tout ce qui venait de se dérouler était aussi réel que ce lit dans lequel elle avait été parachuté, que cette ville qu'elle allait devoir traverser, ce quotidien bitumeux qui n'allait de nouveau pas l'épargner.
Son sommeil l'avait conduit au dialogue avec son intérieur primitif. Elle comprit à son réveil le réel sens du mot liberté.

16.7.08

Histoire d'un portrait I:



J'étais l'étrangère de passage. La feuille blanche à remplir dans l'attente de rencontres ponctuelles qui passeront aussi vite qu'elles se logeront sous la couverture du passé. Des personnalités comme des petites lettres sur un carnet qui se sont révélées riches et entières.
Ici le portrait de Beaver, croisé à plusieurs reprises entre conversations paisibles et euphories kétaminiennes.

Si l'on organisait un absurde classement social des individus, Beaver serait un « personnage ». Celui dont le charisme n'échappe pas aux foules qui prennent un malin plaisir à l'observer le regard rond comme des billes. Il attire la fascination par ses gestes libres d'excès et ses expressions ouvertes. Avec ses rondeurs, il gagne une certaine docilité qui le rend accessible aussi bien que toute confiance lui soit accordée d'entrée de jeu. Les gens viennent, tentent de le toucher, mais Beaver n'est pas un personnage de foire, ni un objet de divertissement, il se livrera ou préfèrera bondir et laisser son corps s'exclamer sous les sons, devenir semi-imperméabilité.

Je devais être sur un siège placé au dessus des nuages, mais le sort en aura fait autrement et vingt quatre heures supplémentaires me seront livrées de force pour adresser mes adieux à Montréal. Fred mon colocataire me retrouva assise sur le canapé du salon quelques heures après mon soit-disant départ. Il ne me demandera pas d'explications et se contentera de secouer la tête en souriant ( Sous entendu « Ahhhhh, avec toi, ça ne s'arrête donc jamais »).
Il lancera donc le programme: un concert accompagné de quelques verres de whisky. Aussitôt, nous nous lançâmes à l'assaut des -30°C extérieurs. La soirée se passera et nous croiserons Beaver qui apprendra mon départ. L'excuse sera attrapée au vol pour prolonger la nuit et la transformer en une seconde journée à partager en trio sous l'ordre de la célébration.
Beaver partira à la chasse aux drogues, Fred lui, accoudé au bar à l'alcool. Une fois les ingrédients réunis sur la table, Beaver se lancera dans toutes sortes de curiosités bavardesques, des noeuds de phrases sortiront spontanément avec une telle habilité que presque chacunes d'elles me voleront un fou rire. Oui c'est certain, le ridicule ne tue pas. Lorsque la musique se coupera brutalement au milieu de notre conversation (nous porterons bien évidemment le chapeau de cet incident technique), il hurlera les plus crédibles insanités d'un naturel déconcertant. Ses impulsions verbales indisciplinées n'échapperont à aucune paire d'oreilles environnante. "Quelle joyeuse bande de crackheads". Le gérant du bar débarque avec pour mission d'éradiquer ce qu'il croit être une situation de débordement.
Acte de barbarie!!!
Peu importe, personne ne se sentira l'âme d'un justicier... nous nous mettrons donc sur la route de la maison, à l'abri des préjugés qui cèdent à la facilité.

Le lendemain, je retrouvais Beaver sur le canapé. Quelques vapeurs nocturnes perceptibles sur ses traits du visage. Il deviendra ma boule anti-stress de mes derniers instants sur Montréal.
Lorsque l'échange se fait aussi naturellement auprès d'un inconnu, c'est là signe d'une entente qui n'a besoin d'aucun morceau de passé pour naître librement. J'ajoutais là une dernière carte à mes portraits de famille. Ce départ repoussé prendra presque un sens, une signification réelle au fur et à mesure de sa présence à mes côtés . Il s'avèrera être le compagnon idéal pour m'aider à refermer mes valises, chasser au mieux l'angoisse du retour et partager avec moi un repas au chinois à trois sous du coin. Nous échangeâmes notre satisfaction à passer ce court temps à glisser des mots l'un d'en l'autre.

Le dessert a pointé son nez, le moment venu d'éventrer un fortune cookie avant d'en finir pour de bon. Son message à l'intérieur m'adressa ces mots:
« le meilleur prophète du futur est le passé »
Ensuite le temps s'est arrêté, j'ai décollé vers le futur avec comme bribe du passé, ces mots recrachés, ces instants et ce portrait.

2.6.08

L'Hiver souvenir.



La chaîne du temps s'est brisée.
Ce n'est pas seulement l'inondation de ce blanc dégoulinant,
où ces nouveaux monstres des rues venu le chasser.
ce sont de nouveaux jours nichés sous le recueillement
Une nouvelle chronique encadrée par d'épaisses fenêtres.
un corps qui se meut différemment, des sons citadins qui sonnent timidement.
Plus moyen d'y échapper, il faudra battre retraite.
Prisonnier sous ce retranchement, l'air se retrouve figé.
Le temps suspendu lui, erre librement sur les traces du passé.
La maison devient corps et le corps pense:
"Le froid ne nous crèvera pas, même si nos pas doivent piétiner sur leur passage, la frise de souvenirs tranchants."
Le ciel a la lumière affaiblie devient partiellement égal à la nuit,
si ce n'est pour dévoiler le spectacle de quelques chairs héroïques
affronter l'hostilité d'une saison qui ne leur appartiendra jamais.
Devant la fenêtre, ce cadre trop immobile, nous observateurs ennuyés
devenons le mouvement de pensées qui s'agitent devant la peur de geler.
Comme les mots, elles ne savent pas où elles vont,
elles aboient la surdité de ce corps, de cette maison, en proie à ces longs instants glacés.


31.5.08




La nuit est un animal qui ne s'apprivoise pas.
Le jour un élément après lequel on court.
On croit pouvoir le tenir mais son souffle n'attend que le silence des rues pour atteindre sa destination.
A l'intérieur les roues mécaniquement transportent les caisses de ce qui a fuit devant nos yeux.
Ces tous petits indices qui ne parlent qu'à l'inconscient, ces petits ingrédients malins qui ne se déplient que la nuit.
Ca vient comme ça se dérobe, on se transforme en chasseur d'oubli.
Un patchwork, des gribouillis sur une feuille.
Des mots sans sens qui cachent leur essence, coulent à la lisière du temps, ennemi de ce vomissement qui cherche ses formes.
La mécanique résiste et les visions restent au fond, tapissées dans l'ombre.
Le souvenir réapparaît mais ne dévoile que sa fine silhouette.
Les images se délavent, les pistes se brouillent, la chronologie se décompose.
Le noyau de l'expérience lui, squellette osseux de pièces toutes rapiécées,
survit et ne cesse de s'assimiler.
Une gestation sans fin, un accouchement mortuaire.
Quelques morceaux d'une partition où chaque note aboie sa notoriété,
où chaque question déroule sur la portée rythmes, ponctuations, tente d'atteindre quelque part sous son phrasé,
son impossibilité.

16.5.08

même plus peur...






Mon scanner dématérialise lentement mes images.
Elles deviennent une palette ordonnée de 0 et de 1.
Je scanne donc je suis.
Je scanne du vide.
Résultat d'un miroir transpercé par la lumière d'une intuition bavarde.
C'est mon vide. Ce que je ne peux moi même percevoir.
C'est le silence entre chaque morceau qui tente vainement de remplir le blanc de mon atelier.
J'écris l'absurde d'un bon geste gras et désinvolte.
A côté de ça, je divague, je cherche, je me perds et je scanne l'impalpable, le tout, le rien.
Le rien.

8.5.08




Terrain d'absence, le corps se balance traçant les courbes d'un sentier qui ne l'effraie qu'à moitié.
Ici, il se croit héro, ce ne sont pas les recoins sombres des forêts qu'il craint, ses animaux errants, ni de s'y perdre.
Pourtant il le sent, ça palpite sous sa peau, ça hérisse ses poils, fait craquer ses os, tord ses muscles; il devient fragile devant ce bucolique et cette lumière filtrée de conte de fées.
Ici, c'est pourtant réel, tout autant que chacun de ses pas sur ce territoire hanté par une virginité qui le rend impure, si insignifiant.
il s'efface
c'est un héro vaincu.

10.3.08

Our violent times




We had our violent times
Now in these ones
We have more. No one's against
it,
Violence is almost not this
No one's movie, books, the
story

of how we get by. Not against
her personal country's revolution.
Now we have more Everyone's

Cold
around within an exterior mind

Too Hot, too cold It would be good,
too,
if you could be prior, in some ways
The ways we were used to you
before just before now blew you
away. I,

the one I know, will leave again
Forgetting forms, the pieces fall
of a membrane of rags.

Alice Notley

9.3.08

Los Angeles


LA, fev 2008

Tas de linge et valise oubliés dans un coin d'appartement sous la lumière timide d'un quartier est hollywoodien pluvieux.

Chelsea Hotel (2)


Courtney Gibson (Existereo) - NYC, oct 2007

Chelsea Hotel

New York City, oct 2007


A l'abri du fourmillement matinal des insectes de la big apple, l'heure est à la préparation d'une tournée qui n'attend pas les retardataires.

(Court extrait d'une projection Vidéo super 8 refilmée à l'aide d'un téléphone portable. Vidéo capturée au Chelsea hotel avec l'aimable aide de Courtney Gibson -Existereo)

City

Londres 2007

Les derniers jours d'hiver (2)















Norway 2006





I feel lifted to the north.
Blanketed warm, at home and comforted by the solitude as we sometimes are.
And the quiet came through. Sound vanquished by the layered snow.
Lines blurred distinct yet crumbling into the sight of other objects, like the way things look through the tears cupping our eyes in the bitter cold.
I'm at home in those shacks, growing a beard.
I cut wood by that river, surrounded by my breath.
I can see all the restraint that raises beauty to the brink of that old memory,
the one we all share sehow, in the grey yellow clumps of grass that spot the ground.
My steps along the path, then the fall of the latch on my white fence makes a sound dull.

Joshua Paverud

8.3.08

Les derniers jours d'hiver.


A la vitesse - Super 8 -





Ne tente pas de retenir le temps.
Ici, la vitesse tourne à 28 images par secondes.
Compte 28 dans ta tête et tu n'auras toi,
capturé qu'une unique image.
Ne tente pas d'arrêter le temps,
c'est toi qui te glace en lui.
Ne prend que les vides qui ne défient plus le temps.
Un instant timide.
Au dehors d'une chronologie
dont on a volé quelques fragments de mémoire.







Montreal 2007
(Capture d'image d'une vidéo super 8)